vendredi 12 août 2011

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Initialement publié le samedi 5 février 2010

S'il m'avait été octroyé de regarder dans le futur il y a quelques années, je n'y aurais probablement pas cru. Pourtant, me voilà en route pour une semaine dans les Alpes en compagnie de mon frère Quentin et de son meilleur ami Loïc. Là où autrefois je ne voyais que deux êtres irresponsables vivant pour la mécanique et le sport, je percevais aujourd'hui deux jeunes hommes généreux et matures ayant cependant conservé une part d'enfance, l'idée de se retrouver entourés de neige leur suffisant pour être emplis d'une joie profonde. En me rendant à quelques 950km de mon foyer, j'espérais pouvoir laisser loin derrière moi mes préoccupations habituelles, être contaminé par la légèreté apparente de mes compagnons. Et puis surtout, have some serious fun!

N'ayant pas la possibilité d'emprunter les pistes de ski le jour de notre arrivée, nous explorons notre station à l'étendue surprenante, Val Cénis, l'occasion de procéder aux divers préparatifs. Un paysage sorti tout droit d'une carte postale avec ses maisons pittoresques et ses flancs garnis de sapins. Ayant passé de nombreuses heures sur la route avant d'arriver à notre destination enneigée, la fatigue nous prévient de prolonger la soirée. Cependant, l'excitation semble empêcher certains de trouver le sommeil.

Pour le premier jour sur les pistes, les garçons veulent en profiter pleinement, on y reste de l'ouverture à la fermeture, soit de 9h à 16h30. On commence gentiment sur une piste verte, la dernière expérience sur les lattes de Quentin et moi remontant aux classes de neige lorsque nous avions 12 ans. On se débrouille plutôt bien, Loïc propose donc qu'on aille sur les pistes bleues en hauteur. Là par contre, alors que Quentin semble pouvoir suivre le "moniteur du jour" sans problème, j'ai l'impression d'être en mission kamikaze. Mais mes compagnons sont patients et me rassurent face aux pentes à la dénivellation m'apparaissant comme absurde. L'expérience est hautement physique, et source d'un sentiment d'évasion hors du commun, notamment grâce aux voyages en télésièges durant lesquels on bénéficie d'une vue impressionnante.

Alors que la veille j'étais prêt à déclarer forfait, abandonner les autres et me limiter à la piste verte, en ce deuxième jour, la glisse se déroule incroyablement bien, et l'on se rend dès lors (deux fois) jusqu'au sommet, à une altitude de près de 2800 mètres. Skiant le long de la paroi apparente de la montagne, le moment m'apparaît comme surréel. Les pistes en ces hauteurs polaires sont sans limites, au loin gît un autre sommet entouré d'un ciel bleu magnifique, nos rythmes respectifs commencent à s'aligner. En somme, une journée parfaite, au-delà de mes espérances. Journée que l'on a décidé de finir dans un bar, afin d'avoir accès à une borne wi-fi et brièvement se reconnecter au monde.

Alors que lors de notre premier passage au sommet, nous étions littéralement dans les nuages, ne voyant ainsi rien à l'horizon, en ce troisième jour sur les pistes, le soleil brille pleinement et l'on peut admirer le lac gelé dont nous n'imaginions nullement l'existence. Les mouvements se font de plus en plus souples et l'on s'aventure dès lors sur des pistes rouges pour atteindre des endroits nouveaux. Mes acolytes doivent de moins en moins m'attendre, si ce n'est lorsque je m'arrête pour prendre quelque clichés de cet univers blanc (ou lorsque je fais une jolie chute).

A l'aide de l'appareil photo numérique, on décide de filmer une descente du sommet jusqu'à la station, soit de 2800 à 1400 mètres. Loïc, le plus doué d'entre nous, joue les caméramans durant cette course de quelques 15 minutes. Autant le résultat capture bien l'immensité de la région, autant notre vitesse semble bien pâle en comparaison avec les sensations que j'en retiens. L'après-midi je laisse les garçons sur les pistes et vais me promener aux alentours, les sons de Miike Snow dans les oreilles.

On se lance sur de nouvelles pistes et, ce faisant, on quitte Lanslevillard pour se retrouver à Termignon, décor champêtre où l'on a l'occasion de faire de la glisse au sein d'une forêt dense de sapins immenses. Au cours de la soirée, on fait quelques achats souvenirs et presse: le Glamour avec Karl et Diane en couverture pour moi, des magazines de ski pour les mecs.

Après une dernière journée sur les pistes, au grand regret des deux sportifs, nous rentrons à notre petit studio trois personnes et procédons aux préparatifs pour le départ prochain. Au-delà de mon soulagement que personne d'entre nous ne se soit cassé une jambe, je me sens incroyablement serein. Alors que physiquement cette semaine a été dans le signe du dépassement et de l'effort, mon esprit est des plus reposés. Il est temps à présent de revenir à la réalité et abandonner cet air montagnard oh tant bénéfique, tout en espérant pouvoir maintenir un peu de ce sentiment de calme intérieur.

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