lundi 3 octobre 2011

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J'ai l'impression que, dans une certaine mesure, mes proches sont surpris lorsque je leur apprends que tout se passe à merveilles à Shanghai. Comme s'il était obligatoire que je me sente mal parce que je vis à présent à l'autre bout du monde. Pourquoi faudrait-il nécessairement que je sois malheureux pour attester du fait que je pense à eux et qu'ils me manquent? Pourquoi mon bonheur ici et l'amour que je leur porte seraient-ils forcément incompatibles? Prenant en considération la durée de mon séjour, je me construis une véritable vie ici. Et l'expérience qui m'est offerte est tellement unique que je ne me refuse aucune nouvelle découverte. Pour ceux que j'ai laissés derrière moi, cela semble difficile à comprendre. La vérité est qu'il est impossible de s'imaginer tout ce que je ressens aujourd'hui et toutes les opportunités qui se présentent à moi. Mais même s'ils sont confus face à ma situation actuelle, mon excitation devrait être le seul élément qui importe à leurs yeux, ou est-ce de l'utopisme de ma part que de souhaiter cela?

Vendredi soir, Eric, Melody et Anne-Charlotte ont célébré le terme de leur second cours, celui-ci correspondant avec le début de vacances de plusieurs semaines. Ils nous ont donc tous invités à leur appartement pour des pizzas et des boissons afin de se mettre de bonne humeur avant de sortir en boîte. Parmi la dizaine d'invités, j'ai surtout sympathisé avec Patsawan, Jennifer et Jean, trois jeunes filles asiatiques qui semblaient particulièrement m'apprécier. Il est là un phénomène courant depuis mon arrivée. Pour une raison qui m'est inconnue, je semble attirer l'attention de beaucoup de Chinois, en particulier la population féminine. Après avoir essayé le "M2" et découvert que l'entrée y était payante, nous avons abouti au "M1/Muse", non sans récupérer de façon inattendue un chapeau à paillettes argentées que je n'ai plus quitté de la nuit.

Le lendemain, bien que l'on était samedi, et bien que ce soit le jour de fête national en Chine, nous avons eu cours comme n'importe quel autre jour de la semaine, en guise de récupération du cours que l'on raterait le vendredi suivant. Suite à ma sortie de la veille, ce ne fut pas forcément aisé de rester concentrer durant ces quelques trois heures, mais, après avoir fait une sieste l'après-midi, j'étais à nouveau en forme pour une nuit de folie. Voilà une semaine que j'en parlais avec les filles. Ce soir, on sortirait en boîte gay! Et pas n'importe laquelle, le "Dubai', censée être l'une des plus grandes boîtes gay de Shanghai. Face au manque cruel d'acceptation de l'homosexualité en Chine, nous nous demandions tous s'il y avait effectivement des gays à Shanghai. Après avoir été dans cet endroit, nous en avons la certitude, il y en a bel et bien, et combien! Le lieu ressemblait davantage à un sauna qu'à un club, tant c'était rempli et étouffant. D'ailleurs, mes amis n'ont pas tardé à quitter les lieux, me laissant dès lors avec Max et Monica. Les Chinois n'étant visiblement pas de nature entreprenante, j'ai pu danser comme je le voulais, sans que l'on ne m'importune, et ce malgré les regards que je semblais attirer. Plus tard dans le courant de la soirée, j'ai même fait la connaissance d'un certain Jerry, un jeune Chinois cherchant lui aussi uniquement à passer un bon moment.

Le lendemain, après un réveil tardif, j'ai accompagné Maxence et Charlotte (fraîchement baptisée notre "quatrième colocataire") au "Mr. Pancake" où l'on a partagé un délicieux repas américain avec Chloé. Pour profiter pleinement de ce dimanche, nous nous sommes ensuite dirigés vers "Taikang Lu" où l'on s'est promené entre les nombreuses boutiques toutes plus adorables les unes que les autres. Notre arrêt de métro fermant vers 16:00 ces jours-ci, j'ai dû affronter la "Nanjing Road" pour rentrer, celle-ci atteignant sa capacité maximale en termes de piétons durant cette "Golden Week" où tous les Chinois sont en vacances. Alors qu'au départ j'étais souriant et patient, aujourd'hui je calque mon comportement sur celui de mes concitoyens, et n'hésite dès lors pas à me montrer désagréable envers les passants qui se mettent entre mon chemin. Je me plais à considérer cela comme une autre preuve de ma pleine intégration dans mon nouveau lieu de résidence.

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