vendredi 12 août 2011

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Initialement publié le mercredi 20 octobre 2010

Il semblerait que, lorsqu'il s'agit de se réunir entre proches, les repas constituent les occasions les plus propices. La raison à cela est simple: Nous devons tous manger. Dans un monde où chaque instant a de la valeur, passer du temps avec l'autre pour partager un besoin aussi essentiel paraît peut-être davantage légitime que de le consacrer à toute autre activité superflue. En plus de cela, la conversation ayant pour effet de prolonger le moment passé à table, on peut même y voir des vertus diététiques. Mais au-delà de toutes ces raisons, celle qui importe véritablement, c'est que l'on se retrouve en face à face avec l'autre, se regardant dans les yeux, permettant ainsi un dialogue authentique et vrai.

Dimanche, après seulement quatre heures de sommeil, je me trouvais au Quick de Wavre avec mes deux frères pour un repas qui nous était offert par notre grand-mère. Bien que le contraste entre nos plateaux respectifs ne pouvait être plus grand, mes frères ayant optés pour les classiques (deux hamburgers accompagnés de frites) alors que je me limitais à un muffin au citron et un milkshake à la fraise, je constatai que nos esprits au contraire étaient sur la même longueur d'ondes. Alors que je racontais le déroulement de ma nuit de folie, je me suis senti véritablement écouté par mes deux interlocuteurs, chose toute aussi rare que ces moments partagés exclusivement à nous trois.
Lundi c'est à Louvain-la-neuve, dans une petite brasserie attirant bon nombre d'étudiants, que j'ai partagé un repas avec Abir. Avec elle, il est nullement question de contraste. Portant un t-shirt gris sous un blazer noir, un sac mango en texture croco, Abir confirmait que j'avais trouvé en elle l'une des rares personnes à partager mon intérêt pour la mode au sein de mon auditoire. Et les similitudes ne s'arrêtent pas là, nos goûts alimentaires semblant également de plus en plus s'aligner, puisque ce jour-là nous options tout deux pour des pâtes.
Mardi, je retrouvai Emilie à l'Esplanade avant de me rendre avec elle à un petit restaurant chinois. A priori j'étais extrêmement agacé, cette dernière ayant repris sa vilaine habitude à ne donner aucun signe de vie, mais, après avoir vidé mon sac, ce fut très vite oublié. Même si je dois la secouer de temps en temps, je ne peux rester fâcher sur elle. Surtout parce qu'elle me fait autant rire, prenons chez "Nature et découverte", elle lisait dans un rayon "Amplificateur de sons et d'image, pour épier la faune..." avant d'ajouter "Pour épier tes voisins oui!".

Une personne avec laquelle je ne partage cependant plus jamais de repas c'est ma maman. Cette routine installée en 2e année suite à mon premier déménagement à LLN s'est estompée dès l'année suivante, portant à croire qu'elle a appris à gérer la séparation de son fils aîné. Seulement, aujourd'hui, j'ai l'impression qu'elle gère cette situation un peu trop bien. Le dialogue honnête et sans secrets que j'entretenais avec elle n'existe plus, chacune de mes paroles paraissant ne lui inspirer que silence désapprobateur ces jours-ci. En réalité, ceci ne m'importe que peu, tant l'avis d'autrui me laisse de marbre, mais je n'arrive tout de même pas à croire qu'après toutes ces années passées à me confier à elle je doive entendre des choses telles que "Tu ne sais pas acheter des vêtements normaux pour une fois?", le mot "normal" me donnant des nausées. Le temps passe et je grandis, j'évolue toujours vers davantage de connaissance de moi-même et recherche perpétuellement de nouvelles sources d'inspiration, ma famille par contre ne semble pas partager ce besoin de nouveauté et préfère stagner sur la convention. D'où mon idée que la famille est une question de concept bien plus que de liens de sang, un ensemble de personnes dont nous choisissons de nous entourer et qui nous encourage à créer notre propre voie dans la vie, plutôt que d'encombrer celle-ci d'obstacles.

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