vendredi 12 août 2011

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Initialement publié le samedi 9 avril 2011

Il semblerait que partout où nous tournons le regard, nos vies soient dominées par des étiquettes en tout genre. Voitures bas de gamme et voitures haut de gamme. Nourriture chimique et nourriture bio. Films d'auteur et films blockbuster. L'être humain semble obsédé par l'idée de pouvoir stocker tout élément dans une case bien spécifique, ne pas pouvoir opérer pareille catégorisation lui provoquant une inquiétude inexplicable. Mais qu'arrive-t-il lorsque cette démarche se voit prolongée sur les êtres de sa propre espèce?

Nerd, fashion victim, geek, poufiasse, asocial, pêteux. Notre société a développé un vocabulaire à l'amplitude suffisamment étendue que pour que nous puissions caractériser n'importe qui selon quelques critères stéréotypiques. Il n'est pas étonnant dès lors que, suite à la libération des moeurs, la société devienne obsédée à l'idée d'étiqueter les gens suivant leur orientation sexuelle. Hétéro, homo, bi. Telles sont les trois cases dans lesquelles toute personne doit aujourd'hui pouvoir être placée irrévocablement. En lisant le Vogue Hommes International, j'ai ainsi appris que l'Amérique fait une obsession sur James Franco, qui à son tour se fait un malin plaisir à brouiller les pistes, refusant de résoudre les énigmes concernant sa sexualité. Un peu plus loin, à l'occasion d'une interview de Riccardo Tisci, j'ai appris que celui-ci refusait aussi de se laisser enfermer dans l'une des trois options ouvertes, se disant "pour le free love". Et ça ne s'arrête pas aux vies de stars, au contraire, cela fait partie de notre quotidien. Combien de fois n'ai-je pas entendu dans mon dos "Trop gay!" après avoir croisé un groupe de garçons dans la rue. Je me demande alors systématiquement ce qu'ils espèrent obtenir en prononçant de tels propos. La médaille du discernement peut-être?

Quand est-ce que les gens vont cesser de vouloir réduire n'importe qui à ce minuscule concept qu'est leur sexualité? Bien que la question semble simple, nous le faisons tous, ne fusse que pour savoir si telle ou telle personne fait partie de l'océan dans lequel nous pouvons pêcher plutôt que celui de notre voisin. Mais en agissant de la sorte, nous en oublions de regarder derrière l'étiquette. Il en est de même pour le film "A single man" de Tom Ford. La relation principale liant deux hommes, certains en tirent la conclusion hâtive qu'il s'agit d'une histoire d'amour gay. Alors qu'en réalité l'histoire transcende les genres, pour relater le sentiment de solitude, l'impossibilité de deuil, la beauté de la vie. Comme c'est le cas pour toute situation, ce n'est qu'une fois que l'on va au-delà de la couverture que l'on découvre l'essence de ce sur quoi l'on pose les yeux.

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