lundi 28 novembre 2011

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Script hollywoodien ou Réalité

Gaëtan jeta un oeil pour la fenêtre qui donnait sur les innombrables gratte-ciels s'illuminant de mille et une lumières à la tombée de la nuit et se demanda combien de temps encore il sera capable de supporter cette situation. La solitude avait fini par devenir son quotidien, et chaque soir il redoutait le moment d'aller se coucher, parce qu'il savait qu'il le ferait seul. Inconsciemment, il développa l'habitude de s'agripper au second oreiller de son lit double dans l'espoir de créer une illusion davantage propice au sommeil. Ces démons nocturnes étaient d'autant plus étonnants qu'il n'avait jamais connu autres circonstances, à l'exception de quelques nuits passionnées au cours de l'été. Et pourtant...

Ils s'étaient rencontrés six mois auparavant en une belle soirée de mai. Après ce qui lui apparaissait comme des centaines de rencards plus décevants les uns que les autres, Gaëtan semblait avoir renoncé à l'idée de pouvoir trouver ce qu'il cherchait par l'intermédiaire du monde virtuel. Au fond de lui-même, il savait que cela n'avait rien de surprenant, puisqu'il n'était même pas en mesure de traduire en mots cette chose qu'il recherchait si désespérément. Jusqu'à ce qu'il rencontre Jérôme, instant à partir duquel il put mettre le doigt sur l'objet exact de ses recherches antérieures s'étant avérées vaines.

Soudain tout bascula, comme si la Terre s'était mise à tourner dans le sens opposé de sa course habituelle. Gaëtan comprit que tous les chagrins qui avaient dessiné son passé n'étaient pas que malheureux. Ayant dû surmonter ces épreuves, il était aujourd'hui apte à pleinement mesurer l'ampleur des événements venus renverser sa routine. Quant à Jérôme, après avoir vécu dans le noir pendant trop longtemps, il avait décidé d'ouvrir son coeur afin de pouvoir offrir tout l'amour qu'il portait en lui. Bien qu'il leur apparaissait que cette rencontre s'était faite attendre au-delà du raisonnable, il s'agissait en réalité d'un timing parfait, de ceux qui semblent relever du destin.

Très vite, Jérôme vint occuper la totalité des pensées de Gaëtan, tant il lui apportait tout ce dont il avait toujours rêvé. De l'affection, de la tendresse, de l'écoute... N'ayant pas été habitué aux jeux de séduction et leurs détours et virages en tout genre, Jérôme faisait preuve d'une honnêteté sans précédent, et il n'hésitait dès lors pas à exposer chacun de ses sentiments. Gaëtan n'avait jamais été aussi heureux, d'autant plus que les sentiments en question semblaient s'intensifier à une vitesse inouïe. Il relâcha donc toute retenue vis-à-vis de ce nouveau personnage, qui lui apparaissait comme celui qui avait toujours manqué à son récit.

Le temps avait perdu toute signification. Ils passèrent des soirées entières ensemble, et pourtant celles-ci semblaient s'écouler en quelques secondes. Ils n'avaient partagé que quelques rendez-vous, cependant ils avaient l'impression de se connaître depuis des années. Ils ne se côtoyaient que depuis une semaine ou deux, néanmoins ils prononcèrent chacun leur "je t'aime". Tout ce qui avait précédé Jérôme paraissait terne et flou, alors que l'avenir se profilant à l'horizon brillait d'une infinité de couleurs. Gaëtan savait qu'il détenait une perle rare en Jérôme, tant sa sensibilité, sa sincérité et son attention n'avaient d'égales.

Et puis ils considérèrent qu'il fut temps de rencontrer les parents, une étape redoutée par bon nombre en raison du potentiel jugement auquel on se soumet, mais également et surtout parce que le nombre de personnes impliquées émotionnellement s'en voit accru. Que ce soit grâce au bonheur évident qui émanait d'eux, ou parce qu'ils formaient un couple à la complémentarité manifeste, toujours est-il que cet éventuel obstacle s'avérait n'en constituer nullement un. Au contraire, ils ressentaient qu'ils avaient trouvé une véritable seconde famille dans le foyer de l'autre.

L'été ensoleillé suivit son cours et après la rencontre des parents vint celle des amis respectifs. Tous ces événements ne faisaient que confirmer la conviction de Gaëtan selon laquelle Jérôme pourrait constituer sa moitié. Il avait vécu son statut de célibataire comme un échec, et sa nouvelle situation l'emplissait d'une fierté qu'il n'avait jamais connue auparavant; à savoir celle d'avoir pu se lier avec un garçon aussi formidable, beau et adorable. L'intimité de leur couple ne lui suffisait plus. Afin de le rendre encore davantage réel et explicite, Gaëtan souhaitait exposer au monde entier la source de son épanouissement. Leur histoire semblait suivre un déroulement digne d'un comte de fées; du moins, jusqu'au jour où vint l'échéance redoutée.

Devant l'honnêteté de Jérôme, Gaëtan n'avait pu cacher son départ futur pour Shanghai au-delà de leur seconde rencontre, et ce bien qu'il craignait fortement que cette annonce ne vienne mettre un terme définitif à leur bref parcours ensemble. Ses inquiétudes se révélèrent inutiles, Jérôme souhaitant poursuivre son chemin avec lui, malgré ce qui les attendait. Et après qu'ils aient passé cinq jours ensemble à la côte, l'occasion de s'imprégner pleinement de l'autre, le calendrier finit par afficher la fameuse date.

Fidèle à son rôle de copain exemplaire, Jérôme l'avait accompagné à l'aéroport après une dernière nuit passée à deux. Lorsque vint le moment des adieux, ils se montrèrent étonnamment forts, peut-être parce qu'ils s'y étaient préparés tout au long de ces dernières semaines. Dans l'avion, quelque part au-dessus de la Russie, Gaëtan prit soudain conscience qu'il ne pouvait plus faire marche arrière et sentit les larmes perler aux coins de ses yeux. Seulement, entouré d'inconnus, il lui fallut rassembler tous ses efforts pour se contenir et masquer sa vulnérabilité. Ce n'est que plus tard que Gaëtan comprit qu'un système de protection avait dû oeuvrer au moment de leur séparation; un bouclier lui ayant masqué momentanément la vérité afin d'éviter qu'il ne s'effondre.

Face à la nouvelle situation, il leur fallut recourir à l'outil qu'ils avaient utilisé autrefois pour se trouver, notamment la toile internet. Une, deux, voire trois fois par semaine ils se donnèrent rendez-vous, comme ils avaient pu le faire par le passé. Seulement, le contact physique restait à présent absent de l'équation et seuls les paroles et l'image subsistaient. Leurs échanges n'en étaient pas pour autant moins significatifs, leur amour étant tel que le simple fait de pouvoir parler à l'autre leur procurait le réconfort dont ils avaient besoin. Lorsque tout virait au noir, ces instants volés leur permettaient de retrouver le sourire, même si ce n'était que pour une courte durée.

Loin de tout ce qu'il connaissait, Gaëtan pu réaliser bon nombre de choses. Il avait toujours ressenti une aversion profonde pour la stabilité, ceci s'exprimant dans tous les aspects de sa vie. Au restaurant, il s'interdisait de prendre deux fois le même plat. Il collectionnait les vêtements afin de ne pas s'enfermer dans un style unique. Et jusque peu, il ne pouvait s'imaginer passer son existence avec une seule et même personne. La raison à cela était simple: Gaëtan avait besoin de changement, car celui-ci lui apparaissait comme le seul moyen d'écarter l'ennui et la routine, les deux éléments qu'il redoutait le plus.

Seulement, sa séparation de Jérôme lui fit prendre conscience combien celui-ci était devenu important à ses yeux. Livré à lui-même, Gaëtan réalisa qu'il ne pouvait plus imaginer sa vie sans lui. Jérôme en était devenu une part majeure, une pièce sans laquelle son puzzle ne serait plus au complet. Il lui était impossible de savoir ce que l'avenir lui réservait, mais il savait dorénavant qu'il voulait partager celui-ci le plus longtemps possible avec lui. Alors autant cette expérience pouvait être déchirante par moments, autant Gaëtan ne pouvait cesser de croire qu'elle lui avait été bénéfique, à tous les points de vue.

Bien qu'à neuf mille kilomètres l'un de l'autre, Gaëtan et Jérôme semblaient donc s'être rapprochés encore davantage. Le fait d'être séparé n'en était que plus difficile à supporter, mais, Gaëtan savait que leurs retrouvailles vaudraient amplement toutes ces peines. Il savait qu'elles seraient magiques au-delà de ce qu'il pouvait imaginer, car non seulement ils seraient à nouveau côte à côte lors de leurs échanges, mais il pourrait à nouveau goûter aux lèvres de Jérôme, se perdre dans son parfum enivrant, se réfugier dans son étreinte aimante. Et, après les épreuves et défis, leur histoire reprendrait enfin son cours de comte de fées.

mercredi 23 novembre 2011

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Dimanche soir nous avons reçu une invitation inattendue de la part des Italiennes pour aller dîner chez elles. Un bon repas, du bon vin, de la bonne compagnie et un excellent dessert, soit, tous les ingrédients réunis pour une belle soirée en toute simplicité. Quant aux jours suivants, je me suis entouré d'une compagnie de nationalités différentes. Lundi soir, j'ai été manger des sushis avec Anne-Charlotte, Monica et Max, pour que nous nous rendions ensuite au "Zapata's". Mardi soir, nous avons mangé Chinois avant de nous rendre au "Lola" pour la soirée "Copacabana". Mercredi midi j'ai partagé un dernier restaurant de sushis avec Max et Anne-Charlotte, avant que cette dernière ne nous quitte pour d'autres contrées. Et elle n'est pas la seule à partir. Shanghai semble se vider de tous ses habitants internationaux durant les dix jours à venir, laissant une drôle d'atmosphère. Est-ce le fait que l'aventure touche petit à petit à sa fin, ou est-ce les premiers signes de l'hiver, toujours est-il que quelque chose a changé. Les soirées ont perdu de leur éclat et je commence à penser à ma séparation définitive avec toutes ces personnes merveilleuses que j'ai eu la chance de rencontrer ici.

C'est pourquoi je préfère me perdre dans mon travail. Tout d'abord, il me fallait clôturer le travail individuel pour le cours de "Organizational Behavior and Human Resources Management". Ensuite, en tant qu'étudiant en échange, l'une des obligations qui nous incombe est la rédaction d'un rapport traitant de notre expérience à l'étranger. D'un autre côté, l'un des privilèges que ce statut me confère est de pouvoir emmener jusqu'à 40kg de bagages lors de mon vol de Shanghai à Bruxelles, chose que j'ai eu la joie d'apprendre lors de ma visite des bureaux "Hainan Airlines" et qui ne sera cependant pas du luxe compte tenu de mes nombreux achats. Tout semble indiquer que je me trouve dans la dernière ligne droite. Et lorsque je regarde en arrière, je n'arrive pas à croire tout ce que j'ai vécu durant ces trois derniers mois. Trois mois qui sont finalement passés à une vitesse incroyable, et pourtant, ce dernier mois qui me sépare de mon retour m'apparaît comme une éternité. Tant d'impressions contradictoires, tant d'émotions impossibles à caractériser, tant de confusion.

samedi 19 novembre 2011

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Et voilà que le cours de "Organizational Behavior and Human Resources Management" est déjà venu à son terme lui aussi. Il ne s'agit pas du cours le plus intéressant que j'ai jamais suivi, mais, il a le mérite d'être passé très vite. Ces derniers jours ont été quelque peu intenses, entre les lectures à effectuer, les journées complètes suite aux cours devant être rattrapés, le passage obligé chez H&M à l'occasion du lancement de la collection "Versace for H&M" et la préparation de la présentation de groupe de vendredi. Collaborer avec des Chinois peut s'avérer très frustrant et difficile, mais, au final, il semblerait qu'on puisse parvenir à un résultat satisfaisant, comme indiqué par le bon déroulement de notre exposé. Et puis, il n'existe pas meilleur moyen pour expérimenter de façon authentique les différences culturelles pouvant exister entre l'Occident et l'Orient.

Le décompte s'accélère, puisque cela signifie que j'ai accompli trois cours sur quatre, à l'exception du travail individuel qu'il me faut encore réaliser. Dans tous les cas, nous avions suffisamment de raisons de célébrer. Ensemble avec Anne-Charlotte, Monica, Max, Felix et Eric, nous avons donc été manger au restaurant coréen "Pankoo" avant de nous rendre au bar très underground "C's" pour quelques verres et parties de jeu de dés chinois. Après avoir vu de nos propres yeux que la soirée "French Decadence" au "Hollywood" n'en valait pas la peine, nous avons fini au "Muse/M1" où nous avons pu danser comme nous le souhaitions.

Quant à Jérémy. Ah ça, Jérémy... Contrairement à ce que l'on pourrait croire étant donné la distance, notre couple semble atteindre des sommets encore supérieurs. Sa carte que j'ai découverte dans la boîte aux lettres lundi m'a ému jusqu'à m'en faire pleurer tant elle était parfaite. Bien que ce soit par technologie interposée, il parvient systématiquement à me dire les mots exacts dont j'ai besoin. Et puis, la complicité qui nous uni est arrivée à un stade que je n'osais même pas imaginer. Les choses vont tellement bien que ma frustration ne s'en voit qu'accrue, tant j'aimerais pouvoir partager ces sentiments si profonds et sincères avec lui de façon réelle, sans l'un ou l'autre intermédiaire électronique. Alors oui, je suis conscient qu'il n'y a plus qu'un mois qui me sépare de notre réunion. Mais justement, cette donne m'emplit d'une impatience nouvelle.

mardi 15 novembre 2011

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Dimanche était le jour de l'excursion à Wuzhen organisée par notre université d'accueil, l'occasion de visiter cet "ancien water town" ensemble avec les Chinois de notre classe. Après ce que nous avons vu et vécu dans la région du Sichuan, nous avons pris l'intitulé "Culture shock road trip" avec le scepticisme nécessaire. En effet, après les crachats bruyants et incessants, les toilettes à l'état inimaginable et le manque d'hygiène corporelle auxquels nous avons été confrontés, nous savions qu'il nous en faudrait beaucoup pour encore nous choquer. Complètement à l'opposé, ce petit village nous est apparu comme très mignon et relaxant. Ses maisons en bois toujours habitées malgré la nature aujourd'hui largement touristique de l'endroit, la rivière traversant le village, les petits bateaux et leur système de navigation à l'aide d'une rame unique, les tissus bleus à motifs fleuris... Une chouette journée passée en compagnie de Sascha, Max, Maxence, Valentina et Felix, mais aussi Rachel, Sophie, Aida et Evelyn. Lorsque, de retour à Shanghai, celles-ci nous ont proposé de se joindre à elles pour aller manger au "Sichuan Folk" j'ai accepté avec enthousiasme. La raison à cela est que, tous les soirs, ce restaurant accueille une présentation d'un ancien art chinois, à savoir celui du changement de masque, une pratique traditionnelle de Sichuan consistant à changer de masque sans que les spectateurs ne s'en aperçoivent.

Le lendemain, j'ai décidé qu'il était temps que je refasse un passage chez le coiffeur. Direction le salon "Franck Provost" de South Shaanxi Road, afin d'optimiser mes chances de trouver un employé qui parle Anglais. Mon choix s'est avéré judicieux. Lassé de ces cheveux tendant au blond au moindre rayon de soleil, j'ai opté pour une coupe on-ne-peut-plus asiatique. Couleur brun foncé/noir, coupe courte sur les côtés, longue sur le dessus, avec mèche franche. J'étais plus heureux que jamais avec le résultat. Ce fut également l'occasion de réaliser que la donne suivant laquelle les employés travaillant dans les salons de coiffure sont tous gays est valable partout sur le globe. Au moment du payement, le styliste s'étant occupé de moi m'a gentiment tendu la carte de visite du salon (les cartes de visite sont, au même titre que le riz, quelque chose dont les Chinois ne peuvent se passer) avec inscrits à la main un nom et un numéro de téléphone. De quoi dessiner un sourire gêné mais sincère sur mon "nouveau" visage. Après avoir déjeuné au "Wagas" de West Nanjing Road, je me suis rendu au "Fake Market" avec Anne-Charlotte, arrêt obligatoire pour tout Européen/Américain de passage à Shanghai à en croire la population en sortant, chargée de gros sacs noirs. J'ai ainsi pu finaliser l'achat de souvenirs pour mes proches et mettre la main sur mon nouveau portefeuille adoré. J'ai quitté Anne-Charlotte en fin d'après-midi pour la retrouver dès le lendemain midi, à l'occasion de la visite de l'imposant "Shanghai Museum". Celui-ci rassemble tout le meilleur de l'art chinois, à savoir bronzes, sculptures, céramiques, peintures, sceaux, calligraphie, mais aussi jades, mobiliers et monnaies.

samedi 12 novembre 2011

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Avec la prise de conscience qu'il ne me reste plus qu'un mois et demi à Shanghai, non seulement je suis on-ne-peut-plus confiant quant à la survie de mon couple, mais surtout, je commence à dresser une liste mentale de choses que je dois encore absolument faire et voir tant que je suis ici. J'ai pu rayer certains éléments de cette liste dès le début de cette semaine...

Lundi matin je me suis éveillé à l'apparition des premiers rayons de soleil afin d'aller me promener sur le Bund. Le long de la "Huangpu River", j'ai ainsi pu faire la rencontre des Shanghaïens pratiquant leur tai-chi en groupe, alors que d'autres font voler des cerfs-volants, d'autres encore marchant en arrière ou faisant leur jogging de façon traditionnelle. C'était également l'occasion d'admirer les somptueux édifices de style européen datant des années 30 faisant face au district de Pudong. Pour le déjeuner, je me suis rendu dans un restaurant de sushis avec Anne-Charlotte, avant qu'on ne se rende ensemble au "Fabric Market" afin d'y récupérer mon perfecto. Celui-ci répondant parfaitement à mes attentes, j'ai décidé de laisser prendre mes mesures pour un trench. Le soir, rendez-vous dans un restaurant chinois avec Anne-Charlotte, Monica et Max, l'occasion de discuter des moments forts de notre voyage et de nos relations respectives.

Anne-Charlotte étant en vacances, c'est encore une fois avec elle que j'ai passé la journée le lendemain. Cette fois, nous avons été nous promener au sein de "Xintiandi", cet espace piéton formé par des maisons traditionnelles rénovées en brique grise. Rassemblant magasins, bars et restaurants, l'endroit est d'un charme infini et d'une allure très européenne. Après une visite d'une boutique "Shanghai Tang" et une boisson gourmande chez Starbucks, direction le "Marché des Oiseaux". Comme son nom l'indique, les échoppes de ce quartier proposent des oiseaux exotiques, mais également une multitude d'espèces de tortues, poissons et autres criquets géants. Le soir, je fais la découverte heureuse d'un "Wagas" à deux pas de l'appartement.

Après ces deux jours de congé supplémentaires, le cours de "Organizational Behavior and Human Resources Management" a enfin pu débuter. Comme pour les cours précédents, le niveau de celui-ci s'avère parfaitement à notre portée. Son contenu nous est familier suite à nos cours antérieurs de ressources humaines, constituant dès lors un contexte peu stimulant. Par contre, l'immersion culturelle se voit encore une fois soulignée puisque les groupes ont été constitués par le professeur de manière à assurer la diversité. Je me retrouve ainsi avec six Chinois et un Japonais. Vendredi soir, fin de la semaine de cours, nous avons tenu notre fête à l'appartement, toutes les personnes que nous connaissons y étant invitées. Chacune étant venue accompagnée d'un ou plusieurs amis, la fête s'est avérée un véritable succès. Aux alentours de minuit, nous avons ensuite tous migrés vers l'un ou l'autre club, tel le "Bar Rouge".

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mardi 8 novembre 2011

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Il semblerait que, où que l'on aille, quelque soit les personnes auxquelles on parle, il est un sujet qui revient systématiquement: les relations. Et plus particulièrement, combien celles-ci sont compliquées. Le plus souvent, le problème vient du fait que les deux personnes n'ont pas les mêmes attentes, les mêmes souhaits, les mêmes espoirs. Dès lors, cela apparaît comme un miracle lorsque l'on rencontre deux personnes partageant un projet commun. Peut-être faut-il à un moment donné pouvoir s'arrêter et se demander ce que l'on veut vraiment. Continuer à jouer ces jeux de séduction avec leur lot de règles et comportements prescrits. Ou décider de s'impliquer avec quelqu'un et dire adieu à l'excitation procurée par le nouveau.

Une fois que l'on opte pour la seconde option, on prend vite conscience que la sensation de nouveauté est une émotion bien faible comparée à ce que l'on reçoit en échange de l'écriture d'une histoire à deux. On cesse d'exister en être unique et l'on devient part d'une entité intime, ce qui en effraye plus d'un, mais qui procure surtout un sentiment de réconfort et d'assurance parce que l'on sait que l'on ne sera plus jamais seul. Cela signifie également prendre en considération l'autre dans ses décisions et cesser d'agir en parfait égoïste. Là encore, il n'est pas chose aisée de considérer faire des concessions pour l'autre. La question est toujours la même: Qu'est-ce que l'on veut vraiment? Poursuivre un vieux rêve naïf en solitaire et renoncer à quelque chose qui nous fait manifestement du bien. Ou préférer la réalité, se rendre compte que ce que l'on a est, en fait, parfait et décider de vivre le moment présent.

Je n'irai probablement pas jusqu'à conseiller ce test à des amis, mais les résultats ont le mérite d'être concluants. Véritable thérapie choc, se séparer de son être cher pendant quatre mois peut être source de nombre d'enseignements. Quel meilleur moyen en effet d'apprendre, après quelques trois mois à peine, si l'on détient quelque chose de fort et durable? Puisque, avouons-le, si un couple est capable de survivre à pareille séparation, si l'amour continue à exister au-delà des frontières, si la confiance et la fidélité sont les mots maîtres, ne peut-on pas considérer que la relation est faite pour durer? Comme pour tout traitement anti-conventionnel, la majorité des résultats s'avère probablement négatif au terme de pareille expérience. C'est pourquoi je me répète tous les jours combien je suis chanceux d'avoir croisé le chemin de J. Qui d'autre que lui aurait eu la maturité et la volonté pour affronter cette épreuve? Qui d'autre m'aurait intégrer si vite à son cercle familial et d'amis? Qui d'autre pourrait déjà imaginer un véritable avenir ensemble avec moi?

dimanche 6 novembre 2011

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Après quelques 2h30 d'avion, nous arrivons à Chongqing, l'une des plus grandes villes au monde avec ses 30 millions d'habitants, et la première halte de notre périple à travers la région du Sichuan. Ensemble avec Anne-Charlotte, Lydie, Monica, Max, Maxence et Eric, on se rend directement à l'auberge de jeunesse pour une bonne nuit de sommeil. Le lendemain, direction l'Est, plus précisément Dazu et ses Sculptures Rupestres inscrites au Patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco. Le site "Baoding", entouré de verdure sauvage, regorge de sculptures colorées taillées dans la roche devant représenter la philosophie bouddhiste. Au milieu de la vallée, rencontre avec le célèbre Bouddha couché de quelques 30 mètres de long. La beauté de l'endroit nous procure à tous un sentiment de sérénité profonde. Le soir, de retour à Chongqing, on décide de se promener afin de découvrir cette ville à la physionomie inhabituelle, avec sa grande rivière côtoyant des reliefs impressionnants. Les jeux de lumière, les habitants dansant à l'unisson, la modernité des ponts, la "street food"... Il est minuit lorsque l'on rejoint finalement l'auberge pour y passer une seconde et dernière nuit.

Car le lendemain, on prend le train pour Chengdu, la capitale du Sichuan. On dépose nos affaires à l'hôtel et l'on repart immédiatement. Direction Leshan, cette ville devenue célèbre en 803, année à laquelle le Bouddha Géant a été terminé. On se promène sur la falaise longeant le grand cours d'eau, on fait un passage à la pagode, pour ensuite se retrouver face à face avec le front du fameux personnage ayant été érigé dans l'espoir de pouvoir contrôler la rivière. Ce monument de 71 mètres de haut nous laisse sans voix. On descend les escaliers étroits le long de la falaise jusqu'à atteindre les pieds du Bouddha, pour ainsi entamer la seconde partie du programme. Dans un décor digne d'une jungle tropicale, on fait la rencontre de Bouddhas de toutes les tailles, que ce soit sous la forme de statues ou taillés dans la roche. La verdure exotique alliée aux anciennes cavernes procurent un sentiment de dépaysement total. On rentre à Chengdu avec le dernier bus et l'on profite d'un "hot pot" pour le dîner.

Afin de minimiser le nombre d'heures de sommeil passées à l'hôtel et maximiser celles dans le bus pour notre prochaine destination, on prolonge la soirée dans un bar richement décoré pour Halloween, fête que l'on avait presque oubliée. Il est près de 18:00 lorsque l'on arrive enfin à Jiu Zhai Gong après un trajet de dix heures à travers les montagnes. On s'offre quelque chose à manger qui ne sort pas d'un emballage plastique et l'on s'achète quelques équipements supplémentaires pour s'armer contre le froid régnant en pareille altitude. Le lendemain matin, levé de bonne heure pour profiter pleinement du Parc National vivement conseillé dans nos guides touristiques. Il s'avère que leurs éloges n'étaient pas exagérés. Les sommets de montagne enneigés, les arbres aux couleurs automnales, les cascades par dizaines, les lacs d'un bleu vert hallucinant, les troncs sommeillant dans le fond de l'eau, ... Un véritable petit bout de paradis où l'on passe la journée entière.

On parcourt une nouvelle fois les 340 kilomètres qui nous séparent de Chengdu et l'on dit définitivement adieu au froid glacial. Le jour suivant, exploration de la capitale. On commence par le "Wuhou Shrine", temple à l'étendue surprenante dont on tombe immédiatement sous le charme. Bassines ornées, calligraphies gravées dans la roche, bonzaïs, portes circulaires, ... pour des photographies très "chinoises". Suivent ensuite une promenade dans la "Jinli Street", une halte dans le Quartier Tibétain, un passage à la Tombe de Wangjian, un tour au Temple Taoïste Qingyanggong où l'on se pose un moment dans une maison de thé, avant la visite du Musée de Sichuan. Le soir, on mange au "Fiesta Thaï", avant de goûter à la vie nocturne de Chengdu.

On ne prolonge pas la fête trop longtemps car le lendemain, ascension de Qingcheng Shan. Labyrinthe d'une flore variée, cette montagne sacrée a tout d'une forêt tropicale, caractéristique mise encore davantage en avant par la pluie et la brume. Sur notre périple jusqu'au sommet, rencontre de nombreux temples, commençant à se ressembler tous. L'après-midi on se rend à Dujiangyan, site connu pour son oeuvre datant du IIIe siècle av. J.-C. qui est à la fois digue, système de dérivation et d'irrigation, permettant ainsi une gestion optimale du bassin de Chengdu. Outre la falaise verte et ses multiples pavillons, on se souviendra du pont suspendu semblant avoir une volonté propre à force de basculer de gauche à droite. De retour à la ville, on fait l'expérience, décevante, d'un restaurant tibétain.

Pour notre dernier jour, on a gardé l'un des éléments au sommet de notre liste de choses à faire, à savoir la visite du Centre de Reproduction de Pandas. On ne compte aujourd'hui que quelques 1500 pandas géants au monde, dont 80% vivent dans la région du Sichuan, le reste vivant dans deux autres régions de la Chine. Nous sommes tous à un moment donné tombés amoureux d'une peluche ou autre de cette espèce emblématique de la Chine. Le sentiment d'attendrissement par lequel on est envahi lorsqu'on les voit en réalité est encore bien plus fort. On en voit de tous les âges, allant de jeunes dans leur berceau, à des adolescents et adultes partageant leur temps entre sieste et mâchage de bambou. L'après-midi, on flâne au "Peoples Park" de Chengdu avec ses maintes activités, le chant et la danse principalement, avant de reprendre l'avion pour Shanghai.

Voyage en groupe plutôt qu'en comité réduit, étalé sur une semaine plutôt que sur quelques jours, dans une région entière plutôt qu'une ville. Soit, une aventure unique au cours de laquelle on a pu voir le véritable visage de la Chine, comme jamais auparavant.

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